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Dans Winamax il y a Max…
Aviez-vous remarqué que dans Winamax il y avait le prénom “Max” ? Max pour Max Derhy, le nom du véritable fondateur de Winamax. Il est le mystérieux “ancien cadre d’Havas Interactive” à l’origine d’un des plus gros bookmakers de France. Écrivain, docteur, dirigeant de plusieurs sociétés, Max Derhy a créé en 1988 un des premiers studio multimédia en France : Arborescence. Un studio à l’origine notamment d’un logiciel pour Apple (Apple Media Tool) et de nombreux CD-Rom à succès et dont le géant Havas Interactive prendra le contrôle en 1995. Trois ans plus tard, il quitte Havas pour s’installer à Londres au 18 Bentinck Street avec un objectif : créer sur un site Internet à forte audience “pouvant être développé partout en Europe , un langage universel”.Winamax.com : l’ancêtre de Mon Petit Gazon
“J’ai pensé à la musique mais il y avait trop de problème de droits, et au sport et seul le foot pouvait générer une audience aussi importante” nous a rapporté le fondateur de Winamax.com. Le premier “jeu de l’entraîneur” était née ! Copie d’écran du site Winamax en 2004Un jeu que Max Derhy développera avec Olivier Beaudet et Sébastien Burel, deux anciens collaborateurs de sa société Arborescence, en à peine un mois ! Deux personnages clés dans le succès de Winamax.com, dont la partie technique avait été conçue et développée par la société Artful Interactive Software, une société fondée par ces derniers. Le principe ? Chaque coach démarre avec un capital de départ en “Wams” pour constituer une équipe nationale composée de joueurs des 5 grands championnats et une équipe internationale. La valeur des joueurs fluctue ensuite en fonction de l’offre et de la demande et le gagnant est celui dont la valeur cumulée est la plus grande. Winamax lancera également Winamax F1 et Winamax Trader, deux nouvelles simulations de gestion en ligne. Ce nouveau jeu de fantasy league est un immense succès et réunit déjà au 21 juin 2000 près de 82.000 coachs en puissance.TF1 et Robert-Louis Dreyfus : deux partenaires prestigieux
Fort de son succès, les fondateurs de Winamax cherchent un sponsor pour franchir un nouveau palier dans leur développement. Une quête qui leur fera croiser la route de l’ancien patron d’Adidas et de l’OM, Robert-Louis Dreyfus. Sébastien Burel se souvient :Nous avons été chercher Robert Louis-Dreyfus, car nous pensions qu’il nous fallait un sponsor, il possédait Adidas ! Il a été séduit par le projet, mais il nous a indiqué qu’il nous fallait un média et non un sponsor. Il nous a introduit chez TF1 ce qui nous a permis de démarrer.Un partenariat commercial entre Winamax.com et Tf1.fr est signé en mars 2000, faisant du média français le sponsor exclusif du site de fantasy foot. Dans la foulée, RLD investi 2.7 millions d’euros dans Winamax. En mars 2001, le jeu de gestion footballistique représente la moitié du trafic du site tf1.fr et attendra 12 millions de pages vue par mois en 2002.
Winamax, le poker en ligne et le mystérieux Nelson Kontos
Winamax.com change de main et d’activité en 2004. Comme vous pouvez le voir sur l’écran ci-dessous datant de 2005, exit le jeu de l’entraîneur, Winamax.com est désormais un site de paris sportifs qui dispose d’une vraie licence anglaise de bookmaker. Page d’accueil du site Winamax en 2005Commence alors le jeu du chat et de la souris pour les nouveaux actionnaires du site de paris sportifs avec le fisc français dont l’activité en France n’est pas légale au regard du monopole français de la Française des jeux.Qui est Nelson Kontos, le dirigeant du site Winamax ?
Sur l’archive du site, on peut encore consulter l’interview du dirigeant de 2005, un certain Nelson Konto. L’enquête des journalistes de Libération démontre assez facilement que ce personnage est totalement fictif. Un personnage qui affirme haut et fort que parier sur Winamax en 2005 est tout à fait légal :Malgré ce que vous pourriez lire dans certaines sources, la loi française autorise tous les internautes français à parier sur Internet ! C’est la stricte vérité ! Il n’y a aucun risque pour le parieur. Le seul risque provient des paris effectués auprès de bookmakers douteux basés dans des paradis fiscaux, lesquels n’offrent aucune protection aux parieurs…Si le fameux Nelson Kontos se risquait à affirmer une telle chose c’était grâce à une brèche ouverte par une jurisprudence de la Cour de justice des communautés européennes sur les jeux de hasard et d’argent fin 2003. Une décision qui remettait en cause le principe du monopole du PMU et de la FDJ en droit français.
Le trio Roos, Schaming & Dreyfus
Se cachent en fait derrière ce prête-nom un trio de jeunes entrepreneurs français qui ont fait fortune en revendant des sites de la période de « la bulle internet » tels que Caramail ou Lycos. Ces nouveaux actionnaires se nomment Alexandre Roos, Christophe Schaming et Alexandre Dreyfus. Alexandre Roos (à gauche) et Christophe Schaming (à droite)On s’est dit qu’on obtiendrait plus facilement une licence en rachetant une boîte déjà implantée plutôt qu’en en créant une nouvelle. L’argent gagné à Caramail est réinvesti dans ce nouveau projet. On s’est tourné vers Winamax dont le modèle économique, purement publicitaire, avait rendu la boîte inactive après l’explosion de la bulle. Au début, nous n’étions pas convaincus du nom Winamax…(Source : lepoint.fr – Winamax a envoyé des joueurs dans l’espace – 14/09/2016)Ce sont eux qui ont faire prendre le virage “paris sportifs” à Winamax comme vous pourrez le voir sur l’écran du dessus. Mais ils vont également insuffler une nouvelle dynamique à Winamax avec l’arrivée du poker en ligne.
Quand Winamax fait un All-in sur Bruel et le poker en ligne
Cette année-là, un coup de fil va faire basculer Winamax dans une nouvelle dimension. Le fondateur de Meetic, Marc Simoncini, propose à l’équipe de Winamax un rencontre avec Patrick Bruel, à la recherche d’une idée de site sur le poker. Champion du monde de poker WSOP 1998, le chanteur est un des principaux acteurs de la popularisation du Texas Hold’em en France et présentait en 2004 une émission sur le poker sur Canal Plus. L’idée fait son chemin dans la tête des fondateurs Winamax. Le poker arrivera en mai 2006 sur Winamax.com et un certain Patrick Bruel devient la tête d’affiche du site Winamax ainsi qu’un autre site de poker français, Wam-poker.com.Wam-Poker : l’hydre à deux-têtes
Bien que Simoncini et Bruel aient toujours affirmé ne jamais avoir pris de participation dans Winamax, ces derniers se sont associés sur un nouveau projet : le site wam-poker.com est lancé en fin d’année 2006. Le site se présente alors comme la plus grande communauté francophone de passionnés de poker. Le hasard voudra que son développement ait été confié à un certain Alexandre Roos et que les deux sites se renvoient mutuellement du trafic. Un site administré par la société Table 14 (actuel propriétaire du site Winamax) et domicilié alors au sein de la société de production d’un certain Patrick Bruel. Beaucoup d’observateurs pensaient en effet à l’époque que Wam-poker était la partie visible et légale de l’activité Poker de Winamax, les deux sites partageant le même support technique. Une affaire qui ira jusqu’au RG et au juge Renaud Van Ruymbecke. Seront alors convoqués tous les protagonistes de cette histoire : Bruel, Simoncini, Roos. Ces derniers sont invectivés par les RG de stopper net leur publicité pour Winamax.com. Mais le buzz avait déjà pris et Winamax.com fonctionnait à plein régime. Une histoire qui mériterait presque un film. Bref, pour en savoir plus, je vous invite à lire les deux enquêtes des journalistes du journal Libération :- Notre enquête sur les dessous de WAM-POKER et Winamax – 15 mars 2007
- Winamax, coup de bluff – 20 mai 2009
2010 et la légalisation des jeux d’argent : Winamax fais tapis sur la com’
Après avoir sagement attendu dans l’ombre, les fondateurs de Winamax guettent avec impatience le projet de loi sur la régulation des jeux d’argent sous la pression des autorités européennes. Un projet qui se concrétise enfin le 12 mai 2010 avant la création de l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL). Winamax va pouvoir enfin se confronter légalement aux poids lourds du secteur (la FDJ, le PMU, les casinos Barrière et Partouche). Le site de poker dispose en plus d’une avance considérable sur ses concurrents grâce à son stratagème gagnant. Winamax possède également une carte maîtresse dans son jeu et va l’exploiter à fond : Patrick Bruel. Les quatres actionnaires vont effectuer une levée de fonds de 12 millions d’euros auprès du fonds d’investissement Idinvest. Ces 12 millions, ils vont les investir massivement dans la communication et notamment une campagne de publicité mettant en avant Patrick Bruel :Il fallait occuper le terrain d’emblée et séduire les joueurs. Nous avons tout dépensé en deux mois et investi 30 autres millions dans la foulée.( Source : Capital.fr – Les patrons de Winamax, leader du poker en ligne, misent aussi sur les paris sportifs – 20/04/2016)Vous vous rappelez certainement du slogan du tout premier spot TV de Winamax : “L’important au poker ce ne sont pas les cartes, c’est ce que vous en faites”. Avec Canel Frichet à sa tête, une ancienne de chez Caramail, Winamax met en place une stratégie de communication agressive pour occuper le terrain face à ses nombreux concurrents : forums, radio, les application Android et iPhone…Sans oublier le tournoi “Sunday Surprise” qui permettra même à un joueur d’aller dans l’espace et la team Winamax qui s’illustre dans les plus grands tournois WPT. En l’espace d’un an, Winamax parvient à prendre 20% de part de marché, une part qui montera à 51% sur le poker en ligne en 2016.
Haro sur les paris sportifs en 2014
Il faut dire que la Coupe du Monde de football 2014 a largement boosté les mises enregistrées en 2014. De quoi largement aiguiser l’appétit d’une petite structure qui sait qu’elle doit continuer de croître pour survivre. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, le PDG Alexandre Roos utilise les mêmes ingrédients qui ont fait de Winamax le leader du poker à savoir une stratégie agressive. Pour pénétrer ce marché dominé alors par Betclic (35% de parts de marché), le PMU et la FDJ, Winamax va investir massivement dans les spots TV, les réseaux sociaux et offrir des cotes supérieures de 10% par rapport à ses concurrents. Autre avantage important de l’opérateur : il a développé sa propre plateforme de jeu et permet à chaque joueur de pouvoir facilement passer du poker aux paris sportifs et vice-versa.L’une de nos principales forces est notre technologie, explique Mathieu Porri, directeur marketing du site dont l’ambassadeur le plus connu, Patrick Bruel, est également co-actionnaire. Contrairement aux autres, nous utilisons un système informatique et de gestion que nous avons nous-mêmes développé et que nous maîtrisons entièrement. (Source : leparisien.fr – Paris sportifs : le coup de poker gagnant pour Winamax – 1/07/2014).Winamax réussit un nouveau coup de maître et prend 5% de parts de marché en quelques semaines. Près de 6 ans plus tard, en 2020, Winamax se dispute la tête du marché des paris sportifs aux côté d’Unibet et de Betclic.